QUI EST JACQUES LOEW
Jacques Loew nait le 31 août 1908 à Clermont-Ferrand en France et jusqu’à l’âge de vingt-quatre ans, il était de son propre aveu terriblement incroyant. Un séjour à la Valsainte en Suisse l’amène à s’interroger sur Dieu. Dès lors sa vie bascule. Il entre chez les Dominicains et devient en 1941 prêtre docker sur les quais du port de Marseille. C’est le début d’une expérience missionnaire. En 1969, il crée à Fribourg l’Ecole de la Foi dont le propos est de faire des disciples nourris de la Parole de Dieu. L’âge venant, en 1981, il se retire à la Trappe de Cîteaux pour finir ses jours dans la prière. Ce sera le début d’un itinéraire monastique de vingt années qui le conduira successivement à Tamié, à Saint Jean de l’Albère dans un ermitage de moniales comme ermite et, enfin, à l’Abbaye d’Echourgnac où il est accueilli par des moniales cisterciennes. C’est là qu’il meurt le 14 février 1999. Une vie bien remplie qui fait de Jacques Loew une figure de l’Eglise.
Jacques Loew, un besogneux de Dieu. Prologue de Robert Masson de son ouvrage : Jacques Loew , ce qui s’appelle la foi. Aux éditions Parole et Silence, 2000.
Jusqu’à l’âge de vingt-cinq ans en effet, le jeune homme comblé de dons qu’il était alors n’avait pas mis Dieu au premier rang de ses préoccupations. Il ignorait même qu’il y en eût un, ce qui n’arrangeait pas sa perception du monde. Comme d’autres en son temps, il aurait volontiers donné tout l’univers pour savoir ce qu’il y faisait. A défaut, il y menait belle carrière puisqu’à cet âge, il était déjà avocat, inscrit au Barreau de Nice, la ville de ses jeunes années. Tout lui souriait, mais il éprouvait un sentiment de vide que les apparences sociales ne pouvaient combler ni tant d’autres succès non plus. Jacques Loew, c’était à sa façon le jeune homme riche (cf. Mt 19, 16-22) qui ressemblait à l’éphémère de toute chose. Il lui manquait ce qui peut donner sens, et de croire que ce pourrait être Quelqu’un.
On était dans les débuts d’un siècle qui n’avait pas la foi facile, il faut dire. Dans des parties entières de la société, celles qui se croyaient les plus éclairées, l’anticléricalisme était de rigueur et il regardait de haut le monde de la foi, facilement tenu pour un reliquat de l’obscurantisme. Anatole France, André Gide, et même encore Ernest Renan faisaient autorité et ils avaient plus d’audience qu’une Eglise mal remise d’un avènement de modernité qui n’avaient pas sa faveur.
Né en 1908, Jacques Loew était pour tout dire un enfant de ce siècle qui entendait tout expliquer et qui ne savait trop que dire, pour finir. Il y avait dans les êtres comme une insatisfaction qui se demandait vers quoi et surtout vers qui se tourner. Des bonheurs de la vie, il en savait les limites, il meublait tout au plus. Jacques Loew n’en était pas moins, à l’époque, terriblement incroyant.
Il lui faudra la maladie , puis un séjour en Suisse pour soigner une mauvaise tuberculose, et pas moins que la beauté d’un flocon de neige pour éveiller son âme somnambule, selon la belle expression de son ami Stanislas Fumet. La chartreuse de la Valsainte fera le reste, et Dieu d’abord, dans le silence d’un lieu où il n’est pas besoin de parler pour se faire entendre. Un homme jeune, qui ne s’y attendait guère, pressentait soudain qu’il était attendu, période de sa vie que Jacques Loew n’oubliera jamais. Ce n’est pas une fois pour toutes que l’on se convertit toutefois, mais tout au long de ses jours. Ces vingt-cinq premières années d’existence étaient somme toute un prélude qui allait permettre à Jacques Loew d’entrer dans le mystère, et la nuit d’un monde sans Dieu.