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A propos de JACQUES LOEW - 2/4

Jacques Loew est un pionnier, un défricheur.

« Dans la nuit, j’ai cherché » écrira-t-il plus tard. Les évènements, qui sont ces maîtres que Dieu nous donne, l’on conduit tout au long d’une vie qui ne fut pas brève, mais intense. Parce qu’il ne fait pas les choses à moitié, il décide de tout quitter comme les premiers sur les bords d’un lac en Galilée. Il acquiesce à ce qui a dès lors la force d’une vocation. Il entre pour cela à Saint-Maximin chez les Frères pécheurs, ces fils de saint-Dominique. C’est le temps des maturations, celui qui va permettre tous les autres et les établir sur le Roc, dont nous parle l’Evangile. Le goût de la parole et son annonce ont orienté Jacques Loew vers les Frères Prêcheurs, qu’il deviendra effectivement lui-même, mais d’une façon imprévisible.

 

Un de ses frères dominicains au nom de Joseph Lebret, est l’instrument de l’improbable. Ce père Lebret vient de créer Économie et Humanisme, dont le projet œuvrait à l’avènement d’un monde plus solidaire, plus humain. Il y avait à faire en ces années où une économie, plus soucieuse des choses que des hommes, laissait beaucoup de gens sur les bas-côtés de ses usines. Lebret avait besoin de quelqu’un pour enquêter sur le complexe économico-social du port de Marseille.

 

Ce quelqu’un, ce fut Jacques Loew, et pas seulement pour un travail temporaire. Le Père Loew réalise aussitôt qu’on ne peut comprendre un milieu humain sans vivre ce qu’il appellera « une communauté de destin ». Le 1er janvier 1942, Jacques Loew s’embauche sur les quais du port pour un travail auquel il n’est pas préparé. Pour douze années, le voilà prêtre-ouvrier, le premier de tous, semble-t-il. Son souci d’insertion ne se limite pas au travail. « Il serait trop simple, dit-il d’enquêter sur des gens dans la période ouvrable de leurs jours, puis de se retrouver le soir dans une cellule de son couvent. » En cohérence avec lui-même, Jacques Loew s’installe dans le quartier le plus pauvre de Marseille, un endroit plus proche d’un bidonville que d’un quartier au vrai sens du mot. Ce sera le temps de la mission prolétarienne, où, en solitaire, le Père Loew ouvre la voie de la Mission ouvrière, ce moment qui fait date dans la vie de l’Eglise de France.

 

Jacques Loew est un pionnier, un défricheur, il y a beaucoup de saint Paul en cet homme qui a de l’oreille pour entendre ceux qui l’appellent « à passer sur ces rivages où il y a tant de Macédoniens en attente ». Ce n’est pas en assistant social ni en militant de la cause ouvrière que Jacques Loew fait ses choix, mais en homme de Dieu, un « ambassadeur du Christ » comme il le dira plus tard. Ce qui le brûle, c’est le feu de l’Evangile qui n’est pas si simple à mettre dans un monde où il y a plus de cendres que de braises. Dans les longues patiences que supposent les germinations du Royaume, Jacques Loew apprend à régler son pas sur celui de Dieu, dont il sait qu’il est un « pas d’Amour ». C’est lui qui vient à notre rencontre avec ces prédilections pour les pauvres, qui est le signe même des accomplissements divins. « Les pauvres sont évangélisés » fut-il dit dans la synagogue de Nazareth, un jour où le Christ se révélait aux siens qui n’étaient pas disposés à le croire sur parole. (cf. Mt 13, 53-58).

 

Ce n’est pas la pauvreté que Jacques Loew expérimente sur les quais d’un port à Marseille, mais la misère, celle qui fait les prolétaires, les dépossédés d’eux-mêmes, ceux que personne n’écoute et que leur état désurnaturalise comme le constate ce Dominicain ouvrier à l’époque. Dieu n’est plus chez lui, là où pourtant on devrait Le reconnaître dans l es plus petits des siens. C’est un constat que beaucoup d’autres font dans l’Eglise de France. « Un mur sépare l’Eglise du monde ouvrier – écrit le cardinal Suhard, alors archevêque de Paris – ce mur, il faut l’abattre à tout prix ». Une centaine de prêtres ouvriers, et des efforts convergents, comme ceux de la JOC (Jeunesse Ouvrière Chrétienne), s’y emploient.

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